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Le Retour du Tchad (eBook)

Carnets de route

(Autor)

eBook Download: EPUB
2022
267 Seiten
Books on Demand (Verlag)
978-2-322-44497-7 (ISBN)

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Le Retour du Tchad - André Gide
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La suite du Voyage au Congo. Documents - Essais...

André Gide est un écrivain français, né le 22 novembre 1869 à Paris 6e et mort le 19 février 1951 à Paris 7e. Il obtient le prix Nobel de littérature en 1947.

CHAPITRE PREMIER. Sur le Logone


20 février.

Nous quittons Fort-Lamy dans trois baleinières[1]. C’est le retour. Lente remontée du Logone ; assez exactement de la largeur de la Seine, me semble-t-il. Les eaux sont basses et les indigènes préfèrent à la rame la propulsion des perches sur lesquelles ils pèsent, quatre à l’avant, quatre à l’arrière, se penchant puis se relevant en cadence : ceci nous prive de leurs chants, réservés au rythme plus régulier des pagaies, mais cette avancée presque silencieuse effarouche moins le gibier et nous permet d’approcher de plus près les oiseaux qui peuplent les rives.

Dans cet étroit tunnel que forme le shimbeck de la baleinière, il ne fait pas trop chaud, et, si lente que soit la marche, elle entretient un exquis courant d’air. Étendu sur une chaise de bord, qui, de jour, prend la place du lit de camp replié, je relis le Barbier de Séville. Plus d’esprit que d’intelligence profonde. De la paillette. Manque de gravité dans le comique.

21 février.


Partis avant le lever du soleil. Une légère brume argente les bords du Logone, de proportions plus humaines que les bords du Chari. Austérité souriante des berges sablonneuses ; aucune mollesse. Quantité d’arbustes vert cendré, semblables aux saules et aux osiers de France. De même il y a, sur ces bords, des simili-cressons, des faux épilobes, des imitations de myosotis, des substituts de plantains. On dirait que les acteurs seuls ont changé, mais ni les rôles, ni la pièce. Qui tiendra l’emploi de la scrofulaire ?… Parfois c’est une plante de la même famille, une proche parente, comme il advient pour la balsamine. Mais c’est ce qui explique que l’on soit si peu dépaysé, encore que parfois les vedettes de nos contrées soient réduites ici au rang de comparses. Pour que le paysage prenne un aspect vraiment exotique, il faut l’intervention d’un de ces végétaux axés et réguliers : palmiers, cactus, euphorbes-candélabres, etc., dont nous n’avons pas d’autres équivalents dans nos contrées du Nord, que certains conifères.

 

L’inconvénient d’un voyage trop bien préparé, c’est de ne laisser plus assez de place à l’aventure. Pourtant nous approchons du lieu où le premier patron de notre boy Outhman (l’administrateur Noumira ?) trouva le moyen de se faire bousculer mortellement par les hippopotames. On nous signale précisément, non loin d’ici, une bande d’une trentaine de ces monstres, barrant le Logone, que les pirogues indigènes n’osent plus remonter. Allons toujours ; nous verrons bien.

Depuis que nous avons quitté Fort-Lamy, nous vivons de gibier, canards ou pintades. Selon mon habitude d’inviter imaginairement un ami, un inconnu parfois, à partager ma joie, ce matin je chasse avec Pesquidoux qui ne se doute guère, assurément, que je fus des premiers à m’éprendre de ses écrits. Des premiers avec Marcel de Coppet ; et nous nous amusions à Fort-Archambault, à nous remémorer ses anciens articles, qu’alors personne ou presque ne remarquait. – Oui, j’invite Pesquidoux à savourer avec nous ce canard « à la rouennaise », pour qu’il me dise s’il en a jamais mangé de meilleur.

 

Les hautes herbes du bord dissimulent le brusque effondrement des rives. Bosquets d’un vert plus sombre, peuplés de singes qui s’enfuient à notre approche. Grands arbres penchés sur l’eau ; leurs racines, déchaussées par le cours du fleuve, forment grotte. Avance somnolente. Ravissante paresse. Scintillement tendre de l’eau… Des appels de pintades. Au loin un troupeau de katambours[2]… Nous abordons et nous nous lançons au hasard des pistes, bientôt ne songeant plus à la chasse, tout à l’attrait de tant de nouveauté.

Certains arbres atteignent des dimensions stupéfiantes ; pourtant leur cime n’échappe plus aux regards comme celle des géants de la forêt équatoriale ; c’est une énormité trapue ; et, tout autour du tronc, s’étend un vaste espace ombreux, que l’arbre investit, sur lequel il règne, étalant ses branches colossales comme pour repousser toute autre végétation. Ces branches s’arquent, se voûtent et, de leur extrémité au loin retombée, touchent le sol. L’on respire un instant dans ces belles clairières couvertes ; mais, sitôt qu’on en sort, on est tout empêtré dans l’enchevêtrement confus des ramures ; on se courbe, on se glisse à genoux, on rampe ; au bout d’un quart d’heure de reptation on a complètement perdu le sens de la direction, et, dans l’absence de points de repère, jamais nous ne pourrions retrouver les baleinières, sans les indigènes qui nous accompagnent et qui, eux, ne s’égarent jamais.

 

Quelle erreur de s’imaginer les oiseaux et les insectes des pays tropicaux toujours parés de couleurs vives. Même les martins-pêcheurs, ici, sont noirs et blancs et ne rappellent que par la forme les martins-pêcheurs de Normandie, ces cris d’azur que jetait parfois le petit ruisseau de la Roque, jadis, à quoi répondait un cri d’émerveillement dans mon cœur.

Les tsé-tsés nous harcellent. On ne peut ni les tuer, ni les chasser. À peine parvient-on à les voir. Leur piqûre, sans être très douloureuse, devient à la longue extrêmement énervante.

 

Vers quatre heures, entrée en scène des hippopotames. Leur mufle énorme vient crever la surface de l’eau. Nous en comptons sept, mais sans doute y en a-t-il davantage. Ils respirent à peu près tous en même temps. Nos baleinières s’arrêtent. Marc tire sur eux quelques balles, puis, espérant les approcher, se fait mener sur l’autre rive. Presque en face de lui, je m’assieds sur un tronc d’arbre au bord du fleuve. Un grand singe qui vient boire, s’approche de moi.

 

J’entraîne Outhman dans la campagne. Une prodigieuse quantité de sauterelles couvre les arbres, les taillis ; lorsqu’on s’approche d’un buisson bas, elles partent en un vol épais, à grand bruit. Sous l’arbre, où elles sont trop haut perchées pour me craindre, une pluie continue de petits projectiles allongés : ce sont leurs crottes.

Hautes herbes sèches, sillonnées de sentes. Arbustes épineux. Traces d’animaux de toutes sortes, de lion en particulier ; mais nous ne voyons rien que des singes ou des pintades. Si : une troupe de katambours – on dirait de loin de petits chevaux – qui viennent s’abreuver dans le fleuve. Admirable coucher de soleil ; les herbes, le ciel, le fleuve se dorent. Nous sommes à l’endroit où le Logone fait un grand coude : en face de nous s’étend un banc de sable où nous allons passer la nuit. Immédiatement après le coucher du soleil, le ciel s’obscurcit : c’est la horde des sauterelles qui repart vers l’est. Leur passage n’a pas duré moins de cinq minutes.

Le paysage est moins vaste et moins vague : il se tempère et s’organise.

22 février.


Sur les bords du fleuve (côté Tchad) [3], bords assez abrupts. Des norias nous attirent – ou quel autre nom donner à ces appareils élévateurs, simple fléau, porteur à l’une de ses extrémités d’un récipient, à l’autre d’un contrepoids, qui balance le poids de l’eau qu’on prend au fleuve et l’élève sans peine à hauteur du champ qu’il faut irriguer. Rien de plus primitif et de plus ingénieux que cette élémentaire machine d’une élégance virgilienne. Une grande calebasse sert de récipient.

Un indigène s’occupe à faire monter l’eau ; un autre à la répartir, ouvrant et fermant tour à tour, d’un coup de houe, de petites écluses de terre. L’eau, d’abord, est précipitée de la calebasse, sur une claie, de manière que la terre ne soit pas creusée par la chute de l’eau, mais garde sa pente. Le champ tout entier est en pente légère. Ce sont des aubergines qu’on y cultive. Il y a pour ce seul champ, pas très grand, six norias à une vingtaine de mètres l’une de l’autre. Je note longuement ceci, car je n’ai vu parler de ces machines dans aucune relation de voyage au Tchad.

 

Arrêt à Logone-Birni[4] (autrefois Carnak). Le sultan vient à notre rencontre en pirogue. Boubou bleu, lunettes bleues : à la main une queue de vache teintée d’indigo, en manière de chasse-mouches. On est reçu par un concert de quatre instruments : deux tambours, une sorte de clarinette et une trompette extrêmement longue et mince, qui se démonte : elle rend des beuglements pleins d’harmoniques.

Un hôpital, avec 60 malades, dirigé, en l’absence du docteur, chef du secteur de prophylaxie, par trois indigènes. Ils prétendent arriver à guérir la trypanosomiase même à la troisième période. Excellente impression ; ordre, propreté, décence ; quatre microscopes ; registres bien tenus. Visible désir d’être à hauteur, de suffire et de satisfaire.

Divers arrêts le long du fleuve. Vaine recherche des hippopotames. Nous passons la nuit sur un vaste îlot de sable, à l’abri des lions, très nombreux, nous dit-on, dans la brousse avoisinante.

23 février.


Chose étrange : le Logone, tandis qu’on le remonte, s’élargit sans devenir apparemment moins profond, ni moins rapide. Les bords s’écartent, s’abaissent et le pays tout à l’entour semble s’enfoncer. Que j’aimerais le voir durant la crue qui, nous dit-on, le transforme en un lac immense semé, de loin en loin, de petits îlots de verdure où tous les animaux viennent se réfugier. Nous nous sommes arrêtés vers midi à Logone-Gana (sur la rive orientale). Je quitte la baleinière et m’y rends à pied. Important village, en terrasse au bord du fleuve, entouré de murs...

Erscheint lt. Verlag 16.8.2022
Sprache französisch
Themenwelt Reisen Bildbände
Schlagworte Afrique, Tchad • André Gide • aventures • Littérature française • récit de voyage
ISBN-10 2-322-44497-9 / 2322444979
ISBN-13 978-2-322-44497-7 / 9782322444977
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