Fin de vie, une barbarie française (eBook)
124 Seiten
Books on Demand (Verlag)
978-2-322-54945-0 (ISBN)
Jean-Charles Gimbert est médecin. Pendant 40 ans il a exercé la médecine de campagne. Une vocation dans ses rêves d'enfant, un sacerdoce dans sa vie d'adulte. Il a accru ses compétences par l'exercice de certaines spécialités comme la micronutrition, la médecine du sport ou la gériatrie, entre autres. Il est aussi expert en médecine légale et judiciaire, ce qui lui a permis d'accéder à des affaires parfois incroyables. Aujourd'hui il partage son temps de jeune retraité entre des formations médicales qu'il donne aux professionnels de santé dans les hôpitaux, les conférences grand public et sa nouvelle passion de l'écriture. Son premier livre s'intitule "Thyroïde, arrêtons le massacre" et ouvre une collection de "Confidences d'un médecin de terrain". Le tome 2 dans la même collection a pour titre "Vaccins, droit de légitime défiance" et le tome 3 regroupe ses "Chroniques aigües" parues dans diverses revue de santé. Aujourd'hui il publie le tome 4 consacré à la "Fin de vie, une barbarie française" dans lequel il explique pourquoi chaque année, 200.000 personnes meurent dans des conditions épouvantables en France. A signaler un autre livre, hors collection,"Médecins, maltraitants, et protégés !".
Chapitre 1 : l’ignominie
En appuyant sur le bouton de la sonnette ce matin-là, depuis le fond de son lit dans sa chambre d’un ehpad privé jurassien, pour signaler à l’équipe soignante la douleur brutale qui s’était emparée de toute sa jambe gauche, Jeannine ne se doutait encore de rien.
Comment aurait-elle pu imaginer qu’elle venait de déclencher le compte-à-rebours d’une intolérable agonie qui durerait plus de cinq semaines ? Une fin de vie sordide, comme il s’en déroule plusieurs centaines chaque jour dans notre douce France. Ce pays où il fait si bon vivre, mais si mal y mourir.
Le Dalloz, bible rouge des juristes au même titre que le Vidal pour les prescripteurs, définit les actes de barbarie comme des agissements « d'une exceptionnelle gravité, dépassant les simples violences, occasionnant pour la victime une douleur ou souffrance aiguë ».
Eh bien, j’ose l’affirmer ici ! En un demi-siècle d’exercice de la médecine, j’ai vu des collègues, beaucoup plus nombreux que la raison ne peut le concevoir, agir en temps de paix, comme certains médecins de sinistre mémoire se comportaient, une blouse blanche sur leur uniforme, à une époque qu’on espérait révolue.
Avec comme seule circonstance atténuante susceptible de leur éviter la cour d’assises, une probable absence d’intentionnalité. Du moins préfère-t-on le supposer…
De toutes façons, pour ces praticiens-là, nul besoin de s’expatrier en Amérique latine pour échapper à la justice. Ils ont tout intérêt à rester en France pour y bénéficier de la protection outrancière de l’Ordre des médecins. Surtout quand ils y siègent en tant qu’élus, ce qui leur confère une sorte d’immunité disciplinaire, et donc judiciaire.
Ce phénomène s’étend de façon ubiquitaire sur l’ensemble du territoire. Si l’on déplore des zones médicalement sous-dotées, il n’existe aucun désert ordinal. Lorsqu’il ne persistera plus dans le futur sur notre sol qu’une poignée de médecins, ceux-ci continueront à siéger dans cette institution pour y organiser leurs petits arrangements entre amis.
Je suis parfaitement conscient que ces premières lignes ont de quoi choquer le commun des mortels qui serait en droit de s’interroger sur la véracité de mes propos ou même, pourquoi pas, sur mon honnêteté intellectuelle. Pourtant d’autres que moi déplorent un constat identique.
En premier lieu mes confrères qui n’ignorent, ni l’inavouable vérité, ni ce qu’ils risquent à la dévoiler. D’où l’inutilité de solliciter leur témoignage puisqu’ils ont définitivement choisi, avec prudence, de se taire publiquement.
J’évoque en fait un rapport aussi officiel que scandaleux, téléchargeable sur internet et écrit en décembre 2019 par un collège de magistrats respectables, ceux constituant la Cour des Comptes. Sans épiloguer sur les détournements de fonds ou les multiples magouilles financières que l’on découvre avec stupéfaction dans ce document, je ne m’attarderai que sur le chapitre relatif aux jugements disciplinaires à géométrie variable.
Les Sages citent plusieurs exemples de décisions et d’absences de sanctions qui, selon eux, sont pour le moins surprenantes sinon incompréhensibles. À la lecture de ce rapport sidérant, on a en effet du mal à comprendre comment l’institution ordinale peut continuer à fonctionner d’une manière identique, comme si de rien n’était et sans jamais se remettre un instant en question.
En revanche, des médecins dénonçant les méfaits de leurs collègues sont sévèrement condamnés. Pour avoir adressé à l’ARS, l’agence régionale de santé de Franche-Comté, un simple signalement par lettre confidentielle, suggérant au responsable de ce service d’enquêter sur le refus cruel du médecin coordonnateur et du médecin traitant de prendre en charge la souffrance extrême des résidents en fin de vie dans un ehpad de la région, je me suis retrouvé, en première instance, radié de l’ordre national des médecins.
Pour le motif le plus hallucinant qu’on puisse invoquer, le « manque de confraternité ».
Ainsi des médecins peuvent en toute impunité laisser des mourants se tordre de douleur, hurler leur souffrance jour et nuit, se faire grignoter encore vivants par les vers et les mouches nécrophages, leur dénier tout soulagement médicamenteux et interdire la venue à leur chevet d’une équipe de soins palliatifs, « il n’appartient toutefois pas à la chambre de se prononcer sur cette prise en charge » !
Voilà textuellement ce que n’hésite pas à écrire la juridiction disciplinaire de l’Ordre des médecins du Grand Est pour justifier ma radiation. En ajoutant que par mon signalement et les termes utilisés, j’ai « méconnu mes obligations déontologiques et mon devoir de confraternité ».
Inutile de préciser que les médecins, que j’ai pris le risque inconsidéré de mettre en cause, d’ailleurs en vain, auprès des autorités administratives, sont tous membres titulaires du conseil ordinal de leur département et ont bénéficié à ce titre, de la part de celui-ci, d’une solidarité tout-à-fait exemplaire en termes de… confraternité.
Car il faut que cela se sache : il existe en France des médecins maltraitants, coupables de commettre quotidiennement des actes parfois assimilables à de la barbarie au sens juridique du mot, parfaitement identifiés par les équipes soignantes et souvent repérés par les familles, mais que personne ne s’aventure à dénoncer sous peine de terribles représailles. Les victimes se concentrent surtout chez les personnes âgées en fin de vie et notamment en ehpad, mais pas seulement.
Cela n’a rien à voir avec la maltraitance institutionnelle liée à l’or gris et au détournement massif d’argent public au profit de l’intérêt de quelques groupes privés. Il s’agit d’ailleurs souvent des mêmes établissements, à but plus lucratif qu’affectif, où l’on jette au lit les pensionnaires plutôt qu’on ne les couche, où les toilettes sont supersoniques et les assiettes presque vides.
Cette déshumanisation de la vieillesse ne s’est jamais aussi bien portée. Sa croissance financière suit une courbe exponentielle, malgré quelques soubresauts médiatiques itératifs relayés de temps à autre par les cris d’orfraie de la population, sans que l’on ne devine toutefois à l’horizon le moindre début de commencement d’un projet législatif pour réguler ces abus.
Dans ce cadre-là, les soignants, les aidants et les accompagnants subissent dans leur chair comme dans le plus profond de leur âme, une situation dramatique dont ils sont eux-aussi les victimes collatérales.
La situation dont je parle se situe à l’exact opposé de la maltraitance institutionnelle. Elle ne génère de bénéfice pour personne, n’a jamais encore eu à ce jour les honneurs de la presse, n’apparait qu’à l’approche de la mort et résulte du comportement délibéré de certains professionnels de santé.
Je ne fais aucune allusion aux rares cas de paramédicaux ou d’auxiliaires de soins ayant malmené des personnes âgées à leur domicile ou à l’hôpital. Il s’agit là de gestes toujours inexcusables mais souvent compréhensibles lorsqu’ils résultent de leurs conditions abjectes de travail, celles d’un métier de galère pour un salaire de misère, indignes d’une nation prétendument civilisée et économiquement forte comme la nôtre. Surtout quand on compare la fiche de paie de nos soignants avec celle de leurs homologues chez n’importe lequel de nos voisins européens.
En réalité, je vise directement les médecins qui s’opposent quotidiennement à la délivrance de soins palliatifs à des êtres humains agonisants au prétexte qu’ils sont « contre l’euthanasie » pour des raisons philosophiques ou idéologiques, comme ils le clament eux-mêmes tout haut à qui veut les entendre.
Or, c’est là que le bât blesse. Car la principale différence...
Erscheint lt. Verlag | 6.6.2024 |
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Sprache | französisch |
Themenwelt | Medizin / Pharmazie |
ISBN-10 | 2-322-54945-2 / 2322549452 |
ISBN-13 | 978-2-322-54945-0 / 9782322549450 |
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Größe: 319 KB
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