Superviser et être supervisé (eBook)

Une pratique à la recherche d'une théorie

Jan Wiener, Richard Mizen, Jenny Duckham (Autoren)

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2023 | 1. Auflage
282 Seiten
Books on Demand (Verlag)
978-2-322-56285-5 (ISBN)

Infos

La supervision est un élément central de toute formation à l'analyse et à la psychothérapie. Avec l'importance croissante de la réglementation, elle est devenue un enjeu crucial d'une formation professionnelle continue, pour tous les superviseurs et supervisés. Ce livre, paru en 2003, a été reçu avec enthousiasme, salué par les plus influents analystes jungiens de l'époque et a rapidement fait autorité en la matière.

Jan Wiener. BA, MSc, était en 2003 analyste formatrice à la Society of Analytical Psychology, où elle était directrice de la formation, et à la British Association of Psychotherapists. Elle travaillait en tant que psychothérapeute sénior d'adultes à l'hôpital Thorpe Coombe (anciennement Claybury) et en pratique privée à Londres. Elle était co-coordinatrice et enseignante / superviseure du Groupe de développement de la psychologie analytique à Saint-Pétersbourg (Russie). Elle est l'auteure de plusieurs articles sur la psychologie analytique et co-auteur de Counselling and Psychotherapy in Primary Health Care: A Psychodynamic Approach (1998). En 2022, elle est toujours en activité, membre de la Society of Analytical Psychology.

Textauszug

Introduction : Penser la supervision

Jan Wiener, Richard Mizen & Jenny Duckham

Genèse et évolution de ce livre

L’idée de ce livre est née d’une série de supervisions sur douze semaines intitulée Thinking about Supervision (penser la supervision), conçue et organisée à la fin des années 1990 par les coordonnateurs, pour le compte de la Society of Analytical Psychology (SAP) londonienne, destinée à des analystes, psychothérapeutes et conseillers (counsellor2) qualifiés. Certaines des idées qui se sont dégagées de ces rencontres, tant dans les exposés des membres de la société que dans les discussions postérieures de cas en petits groupes, nous ont amenés à réfléchir davantage à la nature du processus de supervision. Nous avons alors invité certains des conférenciers, et d’autres personnes particulièrement concernées par la supervision, à développer leurs idées en chapitres structurés. Nous espérons que ce livre intéressera les analystes jungiens du monde entier ainsi que les psychothérapeutes et les conseillers qui supervisent les thérapies dans différents contextes institutionnels et en pratique privée.

Les auteurs sont des analystes et superviseurs jungiens, formés à la Society of Analytical Psychology (SAP), à l’exception d’Ann Shearer, membre de l’Independent Group of Analytical psychologists (IGAP), qui a participé à l’un des événements. Le livre est basé sur notre orientation jungienne contemporaine mais, du fait que nombre d’analystes de la SAP ont intégré beaucoup de théories et de pratiques psychanalytiques dans leur travail clinique – l’essence même de l’approche post-jungienne londonienne –, nous espérons qu’il intéressera les lecteurs de différentes écoles souhaitant réfléchir au processus de supervision sous toutes ses formes.

La nature de la supervision

La supervision constitue maintenant un élément essentiel dans toute formation, qu’il s’agisse de devenir analyste, psychothérapeute ou simple conseiller. L’obtention du diplôme signifie concrètement qu’on peut travailler avec des patients sans supervision. Cependant, l’éthique de notre profession, renforcée par le fait que l’analyste est relativement isolé dans son travail, incite à continuer la supervision, au titre d’un développement professionnel continu. Contrairement à beaucoup d’autres professions, cela se poursuit généralement jusqu’à la retraite, un peu comme un artisan qui, parfois, recherche différents maîtres pour apprendre de nouvelles techniques, ou consulte de temps en temps un collègue réputé, quand il éprouve une difficulté. Compte tenu de la pression psychologique sous laquelle nous travaillons, le suivi d’une supervision continue nous protège (et, par conséquent, protège nos patients) d’une déficience de notre technique.

L’éthique de ce livre – elle apparaît dans son titre, Superviser et être supervisé – implique l’idée d’une relation par laquelle les deux parties peuvent être changées et, puisque nous sommes analystes, d’un intérêt pour les processus inconscients qui sont constellés dans cette relation. Cette idée est centrale chez les analystes jungiens et les psychanalystes dans leur travail analytique et est tout aussi vraie dans la supervision. Emanuel Berman le dit bien :

« L’option éthique est de créer un climat de tolérance et d’attention durant la supervision, ce qui permettra aux étudiants de partager plus facilement leurs associations et leurs sentiments personnels chaque fois qu’ils semblent être potentiellement pertinents pour le travail en cours […] La liberté intérieure atteinte peut évoluer vers un espace transitionnel, à l’intérieur duquel la dyade génère de nouveaux sens, non accessibles par le travail intrapsychique de chaque partenaire isolément. » (Berman 2000, pp. 284-285)

Phil Mollon réfléchit également à l’espace de supervision, le décrivant comme un espace de réflexion :

« Cette réflexion n’est pas un processus cognitif linéaire et logique du “cerveau gauche”, mais une sorte de brassage associatif libre – peut-être une caractéristique du fonctionnement de l’hémisphère droit. Le désir de comprendre rapidement, d’avoir l’air compétent ou de rivaliser avec ses pairs ou son superviseur peut complètement interférer avec cet espace de réflexion. Le superviseur doit s’efforcer de comprendre et de contrer les obstacles potentiels à l’espace de réflexion. » (Mollon 1997, p. 33)

Comme le lecteur le découvrira en parcourant ce livre, l’espace de supervision et les relations qui s’y développent sont compliqués, et différents auteurs s’appuient sur une série de concepts et de métaphores pour en élaborer les objectifs, les processus et la théorie. Citons Petrüska Clarkson (1998, p. 143) :

« À tout moment, n’importe quel superviseur peut avoir besoin d’être un Cerbère qui garde les territoires et les frontières, ou une Psyché séparant le blé et l’orge des réalités primaires et secondaires. Ou une sorte de Zeus arbitrant entre les facteurs internes ou externes en guerre, ou un mentor à la Chiron, enseignant et modelant les techniques de guérison, voire une Hestia, flamme de direction spirituelle (professionnelle ?). »

Louis Zinkin (1995, p. 240) pense que « la supervision peut être un plaisir, mais peut souvent constituer un supplice ». Il explique ensuite que les superviseurs sont rarement formés et ont tendance à être choisis sans avoir démontré leur aptitude à superviser. Bien que, appliquant la réglementation que l’État impose à notre profession, il soit peu probable que cela se poursuive, nous comprenons son point de vue. L’ambivalence de Zinkin au sujet de la supervision est évidente : « La supervision est en fait un fantasme partagé […] ; il fonctionne mieux si les deux restent conscients que ce qu’ils imaginent ensemble n’est pas vrai. Cela peut être très profitable pour tous les deux […] ; dans cette entreprise imaginative commune, on peut tirer des enseignements et apprendre » (Ibid., p. 247). Malgré toute sa complexité, Zinkin est convaincu qu’il vaut la peine de superviser le travail de nos jeunes collègues. Je ne pense pas que, coordonnateurs de ce livre, nous nous serions lancés dans deux années de préparation si nous n’avions pas été d’accord avec lui !

Toutes les expériences de supervision ne sont pas positives. Penelope Crick (1992, pp. 235-245), en interrogeant des supervisés, a constaté que la définition d’une « bonne séance de supervision » signifiait partir avec le sentiment d’avoir compris quelque chose de nouveau au sujet de la thérapie, mais une « mauvaise séance de supervision » donnait à la personne supervisée le sentiment qu’admettre les vues de son superviseur était difficile. Les « mauvais superviseurs » ont été décrits comme narcissiques et compétiteurs, ils utilisent le « Je ne sais pas » ou « Je ne suis pas sûr » d’une manière idéalisée, inhibant toute tentative appropriée de « savoir ».

Des auteurs choisissent différentes métaphores ou analogies pour évoquer la nature du processus de supervision. Hughes & Pengelly (1997, p. 47) citent Hawkins & Shohet (1989, p. 37), selon lesquels un superviseur doit posséder l’aptitude d’un hélicoptère, qui peut s’approcher tout près, mais aussi s’éloigner pour élargir sa perspective. Cela peut être relativement aisé pour un pilote d’hélicoptère bien formé, mais moins facile pour un apprenti superviseur qui essaie de garder à l’esprit une matrice de dynamiques complexes mais pertinentes. Plusieurs auteurs (Marshall 1997, Hughes & Pengelly 1997, Mander 1998) utilisent le concept de triangle ou de triade comme forme basique de la supervision. Perry, dans le présent livre, préfère...

Produkt-Details

• Erscheint lt. Verlag: 23.1.2023
• Sprache: französisch
• Themenwelt: Geisteswissenschaften ► Psychologie ► Allgemeine Psychologie
• ISBN-10: 2-322-56285-8 / 2322562858
• ISBN-13: 978-2-322-56285-5 / 9782322562855