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Petit traité de la vie sexuelle contemporaine -  Proulx Chantale Proulx

Petit traité de la vie sexuelle contemporaine (eBook)

Revanche d'Aphrodite et hypersexualisation
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2012 | 1. Auflage
284 Seiten
Editions du CRAM (Verlag)
978-2-89721-027-4 (ISBN)
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Qu'est-ce qui motive les êtres humains à vouloir tout sexualiser ? Ce livre est une réflexion originale sur les profonds besoins des hommes et des femmes qui se camouflent derrière l'hypersexualisation. Il offre des pistes de solu- tions en revisitant la mythologie. L'antidote de la consommation sexuelle se fait par un retour à la déesse de la sensualité. Les Grecs disaient qu'ils devaient honorer leurs dieux au risque de se trouver possédés. Or, Aphrodite, déesse de l'amour, de la créativité, et de la beauté, a été écartée de nos vies. Avec son amour inconditionnel et sa séduction, elle est bafouée. Enragée, elle vit dans nos ombres et nous conduit à la vulgarité, à l'obsession sexuelle. L'auteure fait une brève analyse de l'histoire de la rencontre amoureuse. Elle recommande de protéger la pudeur et le psychisme des enfants, de prendre soin de la vie imaginative, de conserver son sens critique, de valoriser l'inté- grité et le féminin, en fonction d'une rencontre sacrée et sensée entre deux êtres.

Chantale Proulx, enseigne au département de psy- chologie de l'université de Sherbrooke depuis 20 ans. Elle est auteure et conférencière publique sur des thèmes liés à la conscience, à la maternité, l'en- fance et la sexualité, et pratique la psychothérapie en pratique privée. Elle est l'auteure des ouvrages Filles de Déméter : Le pouvoir initiatique de la maternité (Finaliste pour le prix Alphonse-Desjardins) et Un monde sans en- fance, tous deux parus aux éditions GGC.
Qu’est-ce qui motive les êtres humains à vouloir tout sexualiser ? Ce livre est une réflexion originale sur les profonds besoins des hommes et des femmes qui se camouflent derrière l’hypersexualisation. Il offre des pistes de solu- tions en revisitant la mythologie. L’antidote de la consommation sexuelle se fait par un retour à la déesse de la sensualité.Les Grecs disaient qu’ils devaient honorer leurs dieux au risque de se trouver possédés. Or, Aphrodite, déesse de l’amour, de la créativité, et de la beauté, a été écartée de nos vies. Avec son amour inconditionnel et sa séduction, elle est bafouée. Enragée, elle vit dans nos ombres et nous conduit à la vulgarité, à l’obsession sexuelle.L’auteure fait une brève analyse de l’histoire de la rencontre amoureuse. Elle recommande de protéger la pudeur et le psychisme des enfants, de prendre soin de la vie imaginative, de conserver son sens critique, de valoriser l’inté- grité et le féminin, en fonction d’une rencontre sacrée et sensée entre deux êtres.

Introduction


«Aphrodite est une et multiple. Elle est une déesse marine – puisque née de la blanche écume – et partant, protège les navires et calme les vents. Elle est aussi une déesse terrestre, puisqu’elle réveille les forces de la végétation et les énergies vitales chaque printemps. Elle est encore déesse de l’amour, de la beauté et du plaisir, c’est ce que retiennent les hommes volages et insensibles. Elle peut même être la patronne des courtisanes. Cependant, elle est, avant tout, une déesse céleste. Oui, elle est une déesse de la fécondité, mais sublimée, car c’est l’âme qu’elle féconde.»

Edith Mora

 

La société occidentale ne possède plus de mythe central capable de la faire vivre. Cette dissolution du mythe agit sur la communauté comme un vase qu’on fait éclater, d’où s’échappe le sens perdu. L’histoire nous apprend que dans le cas d’une telle perte, des contenus primitifs et ancestraux se réactivent. Dit simplement, toute perte de contenant attire l’évolution vers le bas. Les motivations les plus élémentaires – tel que le fait d’exploiter la sexualité – s’acharnent à prendre toute la place dans la psyché, au cœur de la personnalité, nous exposant malencontreusement aux désespoirs les plus profonds. On a beau dire qu’on est libre, heureux et relativiste, il faudrait être bien naïf pour ne pas se rendre compte de l’ampleur du désordre que cause la perte d’un mythe porteur de sens. La situation est à peu près insoutenable pour l’âme humaine.

L’hypersexualisation de la société est peut-être le désajustement actuel le plus criant sur cette chute. La sexualité publique et mercantile est devenue à ce point importante qu’elle me semble agir comme un archétype, un nouveau Dieu, qui pollue nos vies et obsède nos esprits, tandis qu’on entretient avec naïveté la foi en notre libération qui passerait par la voie sensuelle. Essaie-t-on d’y trouver une base religieuse, en sacralisant l’exploitation des corps et des cultes qui s’y rapportent?

Cette problématique hypersexuelle, qui nous concerne tous, peut s’expliquer de bien des manières. À première vue, il est évident que la visée est économique. Le sexe est payant, il fait vendre, nous dit-on, comme pour clore le problème en nous contraignant de la sorte à une définition mercantile de nous-mêmes. De ce point de vue, on serait des individus amoraux qui ont élu un dieu économique qui régnerait en maître jusque dans notre chambre à coucher, se lovant au cœur de notre intimité amoureuse en décapant nos vieux idéaux amoureux. Je ne peux me satisfaire d’une telle explication.

Dans un deuxième temps, l’hypersexualité met en relief, plus que jamais auparavant, la facilité avec laquelle on peut nous aliéner. Une telle approche sociologique nous rappelle constamment qu’on est contrôlés et manipulés. L’hypersexualisation est un parfait instrument d’abrutissement des humains. Elle contribue à la perte d’identité (rapport à soi) et d’intimité (rapport à l’autre) et rend les gens perméables aux slogans qui les portent à la consommation de biens futiles. Il apparaît clairement qu’on vit dorénavant dans un monde technologique, sans foi, et en réaction à toute vision sacrée de la sexualité, qui nous la rend mécanique et commercialisable. La sexualité fait partie des objets à consommer, de l’industrie du loisir. On a tous remarqué qu’on est envahis par des images pornographiques – très peu originales – qui ne charrient qu’un seul stéréotype pour chacun des sexes: l’homme toujours performant sexuellement et la femme ardente, toujours prête à satisfaire ses désirs. On le constate aisément: on est tragiquement manipulés par les médias de masse. De sorte que l’on collecte de plus en plus de témoignages concernant des obsessions liées aux codes de la beauté (chirurgie esthétique) ou des pressions sexuelles. Je ne ferai référence qu’à la relation entre les hommes et les femmes, et brièvement à la pornographie, mais on sait que ces images limitées qui nous bombardent au quotidien sont aussi liées à la prostitution, à la traite des êtres humains, et, dans un sens large, à l’hypersexualisation. Les fillettes sont endoctrinées avant même qu’elles commencent l’école. La poupée Bratz est un exemple de bébé sexy qui influence nos enfants avant même que leur cerveau soit complètement formé. De tous les côtés – et de manière cohérente –, nos bébés jusqu’à nos grands adolescents sont influencés par des images sexuées terriblement limitées, réduites à des activités sexuelles ou à des comportements d’hyperconsommation.

On n’arrive pas à intervenir pas sur cette aliénation sociale parce qu’on est tous victimes du même gourou, qui nous conduit à la démesure et à la perte de soi, en nous faisant miroiter un bonheur qui passerait nécessairement par le plaisir des sens: la bouffe et le sexe. La banalisation de ces souffrances vécues en lien avec la sexualité montre bien la crise des valeurs actuelles qui entourent Éros et Aphrodite, et notre difficulté à émerger du relativisme pour pointer et comprendre ces comportements extrêmes. Qui ne dit rien consent. Notre assentiment commun de ces actualités délétères montre bien notre déséquilibre social. S’indigner équivaut à se faire traiter de moralisateur, ou à ne pas être cool. On est à ce point déroutés qu’on qualifie de sensuel celui ou celle qui abuse de la sexualité ou qui a recours à des artifices de séduction! La sexualité a perdu son caractère sacré depuis fort longtemps.

Face à cette folie hypersexuelle qui a envahi le monde adulte, les enfants auraient besoin de protection. Mais comme l’avance Boris Cyrulnik, les enfants n’ont jamais été aussi maltraités – par les États notamment. Il nous manque un effort de la part de nos gouvernements pour légiférer autour de ce culte sexuel de la jeunesse qui emprisonne nos enfants dans le regard sexuel de l’adulte. Le tiers de la pornographie concerne des enfants. On ne permettrait jamais à un enfant d’être victime de l’industrie de la mode sans la présence et le consentement de ses parents – sauf pour la fille de treize ans qui rêve de devenir mannequin et qu’on exploite aisément à outrance.

La question de notre réelle motivation à accepter le phénomène de l’hypersexualisation demeure entière. Il m’apparaît clairement qu’on ne peut se faire abrutir par les médias de masse que si on est déjà fragilisé par la frustration d’un besoin essentiel. Hitler, par exemple, a su mobiliser les Allemands parce qu’ils avaient faim et froid, parce qu’ils étaient aigris des conclusions de la Première Guerre mondiale et parce qu’on leur promettait une amélioration de leur situation économique. Les Allemands ont adopté un nouveau dieu parce qu’ils étaient disposés à le recevoir, surtout au plan psychique. Or, qu’est-ce qui nous motive à tout sexualiser? À accepter une telle dérobade de nos valeurs au nom d’une pulsion incontrôlable? À nous faire réduire à cette pulsion?

Ce livre n’offrira pas toutes les réponses à ce phénomène, mais il ouvre une porte sur le continent féminin, et surtout sur la compensation de l’inconscient. Avec le point de vue de la psychologie des profondeurs, on pourrait concevoir l’histoire du monde – et celle de notre vie personnelle – comme une lutte incessante pour nous délivrer de la puissante Grande Mère; celle à l’image de la Déesse du début de l’humanité, celle qui nous a donné la vie. C’est envers elle que l’ego ne désarme pas facilement.

L’archétype s’active en réaction à la compensation. Dans le cas actuel, je l’ai appelé Aphrodite, notamment parce que la déesse de l’amour existe dans toutes les cultures, et qu’il a toujours été de première importance de lui rendre hommage. Il me semble évident qu’un tel rejet de la beauté et de l’amour féminin trouve son exutoire dans un complexe collectif, vécu dans l’ombre, qui obtient une place d’honneur à travers les nouvelles névroses et les obsessions de toutes sortes. On a méprisé Aphrodite jusqu’à l’oublier complètement, dans la foulée d’un patriarcat absolu, canalisé tout entier dans une guerre contre les attributs et les qualités féminins. On a même poussé l’audace jusqu’à usurper la beauté de la mère pour nommer la fonction sensuelle du nom de son gamin, le jeune Éros. On est malades d’amour, et en manque du féminin, au point de confondre les grâces de la déesse de l’amour avec celles de son fils, ce petit garnement qui n’arrive pas à se contrôler et qui pollue, plus souvent qu’à son tour, nos histoires d’amour.

Il faut voir, en plus, qu’on réagit à celles qui ont récemment brisé leurs chaînes ...

Erscheint lt. Verlag 13.12.2012
Sprache französisch
Themenwelt Geisteswissenschaften Psychologie Sexualität / Partnerschaft
ISBN-10 2-89721-027-3 / 2897210273
ISBN-13 978-2-89721-027-4 / 9782897210274
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